Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl explose : l' accident le plus
important du nucléaire civil vient d' avoir lieu. Plusieurs milliers d' Ukrainiens, Biélorusses et
Russes sont évacués. La mobilisation internationale est immédiate que ce soit sur le plan
humanitaire, financier, technique ou scientifique. Quinze ans plus tard, la centrale de
Tchernobyl est définitivement fermée mais l' aide à la région continue.
CHRONOLOGIE
1977 : - Mise en service du premier réacteur de la centrale de Tchernobyl
1978 : - Mise en service du réacteur n°2
1981 : - Mise en service du réacteur n°3
- Démarrage de la construction des réacteurs 5 et 6
1984 : - Mise en service du réacteur n°4
26 avril 1986 : - Accident de Tchernobyl, détruit le réacteur n°4
28 avril 1986 : - Les autorités russes annoncent l' accident
30 avril 1986 : - Le " nuage " portant les émissions radioactives rejetées par l' explosion du réacteur
atteint la France
5 mai 1986 : - Évacuation de toute la population de la ville de Tchernobyl
1986 - Construction du " sarcophage " de Tchernboyl
- Ukraine : abandon de la construction des réacteurs 5 et 6 de la centrale de Tchernobyl
>1991 :
- Tchernobyl : le réacteur n°2 de la centrale de Tchernobyl est définitivement hors service,
suite à des destructions dues à un incendie
- Décembre : indépendance de l' Ukraine
1993 :
L' O.M.S. 1 fait état d' une augmentation des cancers de la thyroïde dans les régions
1 Organisation mondiale de la santé
1995 : - Protocole d' accord entre le gouvernement ukrainien, le G7 et l' Union européenne pour la
fermeture définitive de la centrale de Tchernobyl. Le G7 promet une aide de 2,3 milliards
de dollars en échange de cette fermeture d' ici la fin 2000. Sur cette somme,
- 20 au 23 novembre : Conférence internationale de l' OMS sur les conséquences de
l' accident de Tchernobyl
1996 : -- Avril : - 1 er au 3 avril : Forum international sur la sûreté nucléaire, organisé par l' AIEA 3 et le
Département des affaires humanitaires du secrétariat de l' ONU
- 8 au 12 avril, Autriche : " Une décennie après Tchernobyl : récapitulation des
conséquences de l' accident ", une conférence internationale co-parrainée par l' AIEA,
l' O.M.S. et la Commission européenne. A cette occasion, les ministres français et
allemands de l' Environnement annoncent une initiative de coopération avec l' Ukraine,
la Biélorussie et la Russie sur des projets scientifiques relatifs aux conséquences de
la catastrophe de Tchernobyl. Trois thèmes retenus : la sûreté du sarcophage,
l' impact de l' accident sur l' environnement et la santé des populations affectées ;
- Novembre, Tchernobyl : le réacteur n°1 de la centrale de Tchernobyl est définitivement
arrêté
1997 : - Suite à l' accord de 1995, un programme d' actions sur une dizaine d' années est défini afin
de à réduire les risques présentés par le " sarcophage "
- Juillet : La France, l' Allemagne et l' Ukraine formalisent l' initiative franco-allemande (voir
avril 1996) par la signature d' un accord entre l' IPSN 4 , son homologue allemand le GRS 5
et le Centre de Tchernobyl 6
- Novembre : première conférence du groupe des pays donateurs (voir 1995) - somme
récoltée : 350 millions de dollars
1998 : - Lancement du projet de renforcement du " sarcophage ", le Shelter implementation
plant.
- 15 décembre, Tchernobyl : arrêt du réacteur n°3 pour effectuer des réparations sur les
systèmes de refroidissement et de sécurité
1999 : - Tchernobyl : Premiers travaux de réfection des systèmes de surveillance du
" sarcophage "
- Juin : Tchernobyl : démarrage de la construction d' une nouvelle installation
d' entreposage de combustibles usés (doit être opérationnelle au début de l' année 2003).
Coût de ce chantier : 80 millions d' euros ( financement : Berd )
4 Institut de protection et de sûreté nucléaire
5 Gesellschaft für-Anlagen und reaktorsicherheit
6 Centre international de recherche et de technologie sur les problèmes d' accidents nucléaires et
d' irradiations (Ukraine)
2000 : -- Mars : - 28 mars, Tchernobyl : lancement de la construction de l' unité de stockage de
combustible irradié
- 29 mars, Ukraine : le gouvernement ukrainien lance les préparatifs pour la fermeture
définitive de la centrale de Tchernobyl à la fin de l' an 2000, confiant au ministère de
l' Énergie la mise au point du programme technique de l' arrêt de la centrale. Le
gouvernement ukrainien conditionne cependant l' arrêt de la centrale accidentée au
versement d' une aide financière internationale.
-- Juin : - 13 juin : l' AIEA rapporte que l' UNSCEAR 7 a conclu dans son dernier rapport qu' " il
n' y a pas de preuve d' un impact important sur la santé publique attribuable à
l' exposition aux radiations, 14 ans après l' accident, hormis un niveau important de
cancers (soignables et non mortels) de la thyroïde chez les enfants "
- Tchernobyl : démarrage de la construction d' une nouvelle installation de traitement
des effluents liquides (doit être opérationnelle fin 2002) - coût estimé : 25 millions
d' euros (financement : Berd)
Juillet :
- 10 juillet : le réacteur n°3 est arrêté suite à une inondation
- 15 et 16 septembre, France : sommet Ukraine-UE à Paris. Le gouvernement ukrainien
demande des fonds supplémentaires pour construire deux nouveaux réacteurs
nucléaires. Les Européens ont confirmé qu' ils apporteraient 430 millions d' euros pour le
" sarcophage " de Tchernobyl
5
-- Décembre : - 1 er décembre : redémarrage du réacteur n°3
- 6 décembre : arrêt d' urgence du réacteur n°3 suite à une fuite d' eau radioactive dans
son circuit de refroidissement
- 7 décembre : comme convenu en 1995, la Berd prête 215 millions de dollars à
l' Ukraine pour l' aider à achever les deux réacteurs de Rivne et Khmelnitsky. Le
déblocage de ce prêt est néanmoins conditionné à la reprise de l' aide du FMI 10 à
l' Ukraine et à l' arrêt de la centrale de Tchernobyl
10 Fonds monétaire international
- 13 décembre : comme défini dans l' accord de 1995, la Commission européenne
octroie un prêt de 585 millions de dollars à l' Ukraine pour la construction des deux
réacteurs de Rivne et Khelnitsky, chargés de compenser la fermeture de la centrale
de Tchernobyl. Ce prêt sera émis par Euratom, l' Agence européenne pour l' énergie
atomique et garanti par l' Etat ukrainien
- 14 décembre : redémarrage du réacteur n°3
- 15 décembre :
- arrêt du réacteur n° 3 et fermeture de la centrale de Tchernobyl,
- publication d' une étude sur le risque de cancer de la thyroïde lié à l' accident de
Tchernobyl en France, réalisée par l' IPSN et l' Institut de veille sanitaire (InVs) à la
demande de la Direction générale de la Santé
2001 : - 24 janvier : la Berd annonce qu' elle ne débloquera pas les fonds promis pour la
construction de deux réacteurs nucléaires en Ukraine avant la fin des négociations entre
le gouvernement ukrainien et le Club de Paris sur le ré-échelonnement de la dette
ukrainienne
-- Avril - du 11 au 13 avril, Ukraine : les autorités ukrainiennes organisent une conférence
scientifique internationale consacrée au 15 ème anniversaire de la catastrophe de
Tchernobyl.
- 26 avril : 15 ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl
2002 : - mise en service de l' installation de traitement des effluents liquides
2003 : - mise en service de l' installation d' entreposage de combustibles usés
REPERES
- Que s' est-il passé le 26 avril 1986 dans le réacteur n°4 de la centrale de
Tchernobyl ?
Le 26 avril 1986, les opérateurs de la centrale de Tchernobyl préparent un exercice de
sûreté sur le réacteur n°4. Cet essai doit tester le fonctionnement d' un nouveau système de
refroidissement de secours.
L' accident a eu lieu pendant cet exercice pour deux raisons principales :
- le réacteur, de type RBMK, présentait plusieurs défauts de conception dont une
instabilité dans certaines plages de fonctionnement qui a eu pour effet d' entraîner une
perte de contrôle,
- les agents en place ont violé certaines procédures de sécurité (ils ont, par exemple,
bloqué trois systèmes automatiques de sécurité), empêchant l' arrêt du réacteur.
Ces déficiences et erreurs ont entraîné une augmentation incontrôlée de la puissance du
réacteur et une détérioration importante du combustible, conduisant à un réchauffement
brutal de l' eau qui s' est vaporisée dans le coeur du réacteur. Une explosion de vapeur s' est
alors produite, à l' intérieur du bâtiment, détruisant partiellement le réacteur et provoquant un
incendie.
- Les réacteurs RBMK
Dérivés de la technologie militaire russe, les RBMK (Reaktor Bolchoï Mochnotsti Kanalny)
sont des réacteurs utilisant du graphite et de l' eau légère bouillante, ils ont été développés
en raison de leur capacité à produire de fortes quantités de plutonium 11 . Les RBMK
présentent des faiblesses sur le plan technique qui peuvent affecter leur sûreté : dispositifs
de contrôle contre les risques d' incendie insuffisants, temps d' insertion des barres de
contrôles trop lent…
Depuis l' accident de Tchernobyl, des programmes d' amélioration de la sûreté des réacteurs
RBMK ont été entrepris pour remédier aux principales faiblesses techniques repérées.
Plusieurs points ont fait l' objet d' inspections et de modifications, des systèmes d' arrêt
d' urgence aux systèmes de confinement en passant par les tuyauteries.
Actuellement, 13 réacteurs RBMK sont encore en service : 11 en Russie et 2 Lituanie. Un
quatorzième est actuellement en construction en Russie.
11 Combustible utilisable pour la fabrication des armes nucléaires
- Le " sarcophage "
Le " sarcophage " désigne la structure de béton et d' acier construite dans les sept mois qui
ont suivi l' accident afin de reconstituer les parties détruites de la centrale de Tchernobyl et
confiner ainsi les matières radioactives.
Lors de sa construction, le sarcophage a été équipé de différents systèmes permettant de
surveiller son comportement. Ainsi, des capteurs mesurent la température de la structure, sa
stabilité, ou encore la concentration interne d' hydrogène. Par ailleurs, d' autres systèmes ont
été mis au point pour diminuer les conséquences de toute nouvelle condition défavorable,
comme un circuit de pompage permettant de retirer l' excédent d' eau provenant des fuites du
sarcophage.
Bâti pour une durée de 20 à 30 ans, le sarcophage présentait dès 1996 plusieurs faiblesses
(ex. fragilité au niveau du toit). Face à ce constat, un programme d' actions sur une dizaine
d' années a été mis en place en 1997 visant à réduire les risques présentés par le
sarcophage, notamment le risque d' effondrement. Le financement de ce programme est
assuré par le gouvernement ukrainien et par un fonds international. La Berd 12 en assure la
gestion.
Parmi les travaux déjà réalisés : la stabilisation de la cheminée de ventilation commune aux
réacteurs 3 et 4 et le renforcement des poutres supportant le toit du sarcophage.
12 Banque européenne pour la reconstruction et le développement
-Le " nuage " de Tchernobyl
Suite à l' explosion du réacteur n°4, un incendie s' est déclaré provoquant un panache de
fumée de produits de fission et de débris radioactifs provenant du coeur du réacteur et du
bâtiment. Les débris les plus lourds se sont rapidement déposés à proximité du site mais les
composants les plus légers 13 ont été entraînés au gré des vents sur toute l' Europe,
constituant le " nuage " de Tchernobyl. Ainsi, le panache s' est d' abord dirigé vers le nord-ouest
de l' Europe, survolant une partie de la France entre le 30 avril et le 5 mai 1986 14 . Puis,
il s' est réorienté vers le Sud touchant alors une bonne partie de l' Europe centrale ainsi que le
nord de la Méditerranée et les Balkans.
Depuis avril 1986, plusieurs études ont été menées dans les pays touchés par les retombées
de l' accident. Elles visent principalement à évaluer les conséquences radiologiques,
dosimétriques et sanitaires des retombées de Tchernobyl.
En France, l' étude la plus récente (décembre 2000) concerne les conséquences sanitaires
de ces retombées. Menée par l' Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) et l' Institut
national de veille sanitaire (InVs), cette étude propose notamment un calcul des risques de
cancers de la thyroïde potentiellement liés aux retombées de l' accident.
13 Ces composants sont principalement des produits de fission et des gaz rares
14 Une journée sur le nord-est et quatre jours sur le sud-est
Après l' explosion de Tchernobyl, une zone d' exclusion de 4000 km 2 a été définie autour de la
centrale. Ce périmètre, encore interdit à toute habitation et pratiques agricoles, comprend un
cercle d' un rayon de trente kilomètres autour du site de Tchernobyl, dit " zone des trente
kilomètres ". Ce périmètre correspond à la zone la plus contaminée par l' accident : l' activité
des sols y atteint plusieurs millions de becquerels par mètres carrés.
-Les " liquidateurs "
Le terme de " liquidateurs " désigne l' ensemble des personnes (opérateurs de la centrale,
pompiers, militaires, civils…) qui ont participé, entre 1986 et 1990, à la réalisation des
mesures d' urgence entreprises par les autorités russes suite à l' explosion du réacteurs n°4.
Ces opérations consistaient, par exemple, à dégager les décombres de la centrale, à
construire le " sarcophage " ou encore à enfouir des déchets. Venus de nombreux pays de
l' ex-Union soviétique, on estime environ à 600 000 le nombre total de " liquidateurs ".
Les pays les plus touchés par l' accident de Tchernobyl sont ceux qui ont subis les plus fortes
retombées radioactives. Il s' agit de la Biélorussie (23% de son territoire touché), de l' Ukraine
(7% de son territoire touché) et de la Russie (0,3% du territoire touché). Plusieurs km 2 de
terres sont d' ailleurs encore interdits à toute habitation et pratiques agricoles, l' activité des
sols étant trop élevée.
- L' aide financière internationale pour la fermeture de Tchernoybl
En 1995, l' Ukraine s' est engagée à fermer définitivement la centrale de Tchernobyl contre
l' octroi d' une aide financière internationale. Cet engagement, qui prend la forme d' un accord
avec le G7 et l' Union européenne, stipule l' apport d' une aide de 2,3 milliards de dollars au
gouvernement ukrainien. Cette somme, attribuée sous
forme de dons et de prêts, doit principalement permettre au gouvernement ukrainien de
compenser la fermeture définitive de la centrale, par la construction de deux nouveaux
réacteurs nucléaires dans les centrales de Rivne et Khmelnitsky. Le budget alloué à ces
travaux constitue près de la moitié de l' aide, soit 1,48 milliard de dollars. Le reste est
destiné au financement des travaux de mise en sûreté de la centrale mais aussi au plan
social mis en place dans le cadre de la fermeture.
- Les industriels français et l' aide à Tchernobyl
De nombreux industriels, tant français qu' étrangers, sont impliqués dans des travaux relatifs
à la mise à l' arrêt de la centrale de Tchernobyl mais aussi, plus largement, à l' amélioration
de la sûreté nucléaire dans les pays de l' Est. Par exemple, EDF fait partie du groupe chargé
de la conduite des projets de réfection du " sarcophage " et, dans ce cadre, participe à la
définition des tâches à réaliser pour en rénover la structure. Plus généralement, EDF
participe à différents travaux dans le cadre des programmes européens PHARE 15 etTACIS 16 , consacrés notamment à la sûreté nucléaire dans les pays de l' Est. Framatome, de
son côté, assure la maîtrise d' ouvrage d' une installation d' entreposage de combustibles usés
qui est actuellement en construction sur le site de la centrale de Tchernobyl. Par ailleurs, des
entreprises françaises de travaux publics apportent, elles aussi, leur soutien technique à la
région.
15 PHARE : programme pour l' assistance à la restructuration économique des Pays de l' Europe
centrale et orientale (PECO)
16 TACIS : programme pour l' aide à la transition des nouveaux états indépendants issus de l' ex-URSS